Mon cher Henry.

Je suis ta mère mais tu connais peu de chose de moi, à cause de cette guerre, nous ne pouvons-nous voir et cela me brise d’autant plus le cœur. Je t’écris cette lettre pour que tu ne m’oublies pas et pour qu’au fond de ton cœur, tu saches qui est ta mère et quel combat elle mène pour toi.
Ce fut à Bletsoe Castle dans le Bedforshire le 31 mai 1443. Mon père était duc de Somerset et se nommait John Beaufort. Ma mère, ta grand-mère est Margaret Beauchamp de Bletsoe. Ne doute jamais de tes origines mon fils, elles sont plus que jamais puissance, nous descendons des rois et du grand Edward III. Nous sommes des Lancastre mon fils et plus particulièrement des Tudor pour toi. Mon père a combattu de nombreuses fois pour le roi Henry VI, malheureusement son dévouement n’a pas été reconnu et il a tout perdu. Certains te diront qu’il s’est suicidé, ne les croit jamais, ton grand-père était un homme honorable, qui dans la mort a toujours gardé la tête haute. J’étais sa seule fille, son unique héritière, celle qui serait promise à un grand mariage. Par ta grand-mère et de nombreux précepteurs, je reçus une excellente éducation, très catholique, elle voulait faire de moi une femme accomplie, digne de mon rang. J’avais qu’un an quand le roi scella mon destin au duc de Suffolk. Je n’avais même pas onze ans quand on me maria en février 1444 à John de la Pole. Mais les alliances se font et se défont et le roi dissous mon mariage pour que j’épouse ton père Edmond Tudor. A cette époque j’avais douze ans. Ton père était beau, vaillant, je ne pouvais rien espérer de mieux, même s’il avait le double de mon âge. J’étais intimidée face à lui, mais il m’a rendu heureuse, le peu de temps que dura notre mariage. Comme tu le sais, ton père fut prisonnier durant cette maudite guerre et il perdit la vie en captivité. Les York sont ses meurtriers, ne l’oublies pas mon Henry. J’étais enceinte à sa mort, enceinte de toi, tu étais mon enfant miracle, celui en qui je mettais toutes mes espérances. C’est à Pembroke Castle que tu naquis le 28 janvier 1457, ton oncle était là, il a toujours été à nos côtés, nous soutenant dans toutes nos épreuves. J’ai cru te perdre ce jour-là, mais Dieu était à nos côtés, nous protégeant pour ses futurs desseins. Tu ne restas pas longtemps à mes côtés, puisque la famille de ton père m’arracha à toi. A partir de ce moment-là nous eûmes plus que les lettres. Le jour où l’on t’arracha à moi était le pire de ma vie, jamais je ne l’oublierai et je n’attends qu’une chose, les moments où je pourrais te serrer dans mes bras.
Alors que je voulais vivre pieusement et honorer la mémoire de mon cher Edmond, je dus me marier avec Sir Henry Stafford, mon actuel mari. Le 3 janvier 1458, à l’instigation de ma mère, je me mariais pour la troisième fois. Avec Henry, je ne retrouve pas l’harmonie qui régnait entre moi et ton père, mais c’est un homme bon, qui me respecte. Voilà où s’achève mon histoire, j’espère que cette lettre t’aidera à mieux me connaître. Tu habites à chaque minute mon cœur, mon Henry et je vis dans l’attente de te revoir. Ecoutes bien ton oncle Jasper, c’est un homme qui nous veut que du bien, mais cela, je pense ne pas avoir besoin de te le dire. Maintenant, je voudrais te faire part d’une révélation. Cette guerre finira par anéantir les deux dynasties qui se battent. Les York n’ont rien à faire sur le trône et les Lancastre sont désavoués. L’Angleterre se perd. Cependant, j’ai eus une révélation, Dieu m’a accordé un signe. Un jour tu seras roi Henry, tu es descendant de roi, tu as leurs forces et notre Seigneur se trouve à tes côtés. N’oublies jamais cela mon fils, un jour tu gouverneras l’Angleterre. Mais en attendant ce jour, je ferais tout pour réaliser cette prophétie. De ton côté, apprends et deviens un homme bon, ton oncle Jasper sait ce qu’il faut faire, ais confiance en lui.

Dans l’attente de tes nouvelles, je t’embrasse mon cher Henry,
Ta bien aimée mère.

Margaret Beaufort.